L’Erebus est, de tous les volcans actuellement en activité, scientifiquement le plus énigmatique. Par sa situation en plein cœur de l’Antarctique, par la nature tout-à-fait exceptionnelle des laves qu’il vomit, par son état de continuelle éruption, par le fait qu’il contient, de façon quasi permanente, un lac de roche fondue.
Il est aussi un challenge difficile à conquérir : la combinaison d’une latitude et d’une altitude relative ment élevées, 78° sud et près de 4 000 mètres au dessus de la mer, rend son sommet beaucoup moins plaisant à atteindre qu’un 4 000 des Alpes et cela, de plus, a empêché jusqu’en 1974 que l’on ne réussisse à descendre dans le cratère à-pic qui le couronne; quant au puits de feu qui s’ouvre dans le fonds de ce cratère, jusqu’ici il a résisté à toutes les tentatives. L'Erebus d'autre part est somptueusement beau, de la beauté grandioses. Si l'on ajoute à cela le fait que c'est du pied de l'Erebus qu'entre 1902 et 1911 sont parties toutes les tentatives vers le pôle géographique au sud et vers le pôle magnétique au nord ouest, tous ces raids formidables, ceux du capitaine Scott, ceux d’Ernest Shackleton, ceux de leurs compagnons, on comprendra la fascination que ce volcan, tout à fait unique, exerce.
Tazieff n’y a pas résisté, et y est allé par trois fois jusqu’ici). Ce qu’il raconte dans ce récit, c’est son expérience de vulcanologue affronté aux froids et aux blizzards polaires, aux attaques sournoises d’un mal d’altitude qui, ailleurs, ne sévit pas avant les 8 000 m., et aux mena ces d’un puits de feu trop explosif pour laisser des gens sensés s’engager dans sa paroi verticale. Ces aventures de quelques scientifiques modernes affrontés à ces vieux adversaires de l’homme que sont le froid, le danger, la fatigue, voire la peur, Tazieff les raconte ici telles qu’avec ses camarades il les a vécues : dans le contexte exceptionnel des souvenirs de Scott et de Shackleton et dans le cadre somptueux du continent antarctique.