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The extension of French citizenship to "native subjects" in 1946 deeply transformed what was then called "Colonial France". In New Caledonia, this transformation produced a new political party that would dominate the political debate from the 1950s to the 1970s: the Union Calédonienne (Caledonian Union). This organisation united "Melanesian" (or "indigenous") and "European" militants and voters (in the terminology of the time). Retrospectively, this historical sequence appears enigmatic in many ways. How does one analyse the political triumph of a party whose official motto - "Two Colours, One People" - was apparently blind to the inequalities inherited from the colonial period, less than ten years after the end of the Indigénat regime? The author works to answer this question through historical research and ethnographic fieldwork conducted in the rural commune (municipality district) of Koné, on the northwest coast of New Caledonia's main island. Devoted to the study of local actors, conflicts and municipal issues, this research offers a micro-history of the Union Calédonienne "from below". This party was able to forge an unprecedented alliance between white workers, Kanak "tribes" and other "colonial outsiders" in the Koné area through a subtle manipulation of the nuances and ambiguities which shaped the Caledonian social structure at the crossroads of Kanak civilisation and European colonisation. This monograph in anthropology and micro-history is a major contribution to a renewed understanding of the political and moral economy of "colonial situations" and to the ongoing debate on postcolonial studies. It sheds light on a forgotten yet crucial page of the history of the South Pacific. En 1946, l'extension de la citoyenneté française aux " sujets indigènes " a profondément bouleversé ce qu'on appelait alors la " France coloniale ". Dans l'ancienne colonie de peuplement de la Nouvelle-Calédonie, au cœur du Pacifique Sud, un nouveau parti a occupé le devant de la scène politique des années 1950 à 1970, entre la fin de la période coloniale et le tournant indépendantiste kanak : l'Union Calédonienne. Celle-ci réunissait, selon le vocabulaire de l'époque, électeurs et militants " autochtones " et " européens ". A la lumière des relations entre colons et colonisés sur le temps long, cette séquence historique apparaît à bien des égards énigmatique. Comment en effet comprendre le triomphe politique d'un parti dont la devise officielle, " deux couleurs, un seul peuple ", était apparemment aveugle aux inégalités héritées de l'époque coloniale, moins de dix ans seulement après la fin du régime de l'Indigénat ? Le présent ouvrage tente de répondre à cette question à partir d'une enquête ethnographique et micro-historique approfondie dans la commune de Koné (nord-ouest). Centrée sur les acteurs locaux, les conflits et les enjeux municipaux, cette étude décrypte l'Union Calédonienne " au ras du sol " : c'est en jouant subtilement de toutes les nuances et ambiguïtés d'un tissu social façonné à la croisée de la civilisation kanak et de la colonisation, que l'UC est parvenue, à Koné, à nouer une alliance inédite entre ouvriers blancs, tribus kanak et autres " outsiders coloniaux ". Cet essai de micro-histoire représente une contribution majeure à une compréhension renouvelée de l'économie politique et morale des " situations coloniales ". Il enrichit ainsi le débat qui fait actuellement rage à propos des études postcoloniales. Et il sort de l'oubli une page cruciale de l'histoire du Pacifique Sud.