L'étude est centrée sur les problèmes économiques et sociaux mais sans faire abstraction des aspects institutionnels, juridiques, politiques et culturels. La vie économique d'un pays ne peut être séparée de celle de ses habitants, de leur milieu familial et social, de leurs croyances et des valeurs de civilisation auxquelles ils se réfèrent. C'est donc l'évolution de tout un milieu humain et culturel qui est retracée sur un siècle et demi.
L'histoire économique et sociale fait ressortir des caractéristiques communes, qui se manifestent à des époques différentes, ce qui permet des comparaisons instructives. Mais l'analyse nous montre qu'elle a surtout été influencée par des facteurs propres à chaque pays. pour André Philip, il n'existe pas de véritables "lois de l'histoire", de stades nécessaires ou d'étapes inévitables. Ainsi, le passé ne nous détermine pas : il nous transmet un héritage qui, tout à la fois, limite nos possibilités d'action mais aussi nous en fournit les moyens. L'action des hommes peut toujours infléchir les évolutions et éviter le pire.
L'histoire nous enseigne aussi deux choses essentielles : la nécessaire relativisation du politique et l'indispensable primauté des moyens sur les fins. Le plus important, en effet, n'est jamais le soi-disant but à atteindre mais le moyen employé car ce sont les moyens qui déterminent le comportement des hommes et qui les rendent responsables.