Organisé par le Centre de Linguistique Interlangue, de Lexicologie, de Linguistique Anglaise et de Corpus – Atelier de Recherche sur la Parole (CLILLAC-ARP EA 3967) de l’Université Paris Diderot, l’Association Française de Linguistique Appliquée (AFLA) et les associations partenaires. International audience La République du Vanuatu est un archipel d’environ 80 îles volcaniques situé dans le sud de l’Océanie. Les îles sont habitées par environ 250 000 personnes qui parlent au moins une des 110 langues actuellement recensées. Il s'agit de la densité linguistique la plus élevée au monde. Cependant, son équilibre est aujourd’hui menacé (Moseley, 2010), d'où la nécessité de documenter et de créer des ressources pour ces langues. La variété linguistique de ces îles est aussi représentative d’une diversité culturelle qui reste encore peu documentée, notamment, parce que les différents acteurs d'un projet de documentation de la langue (communauté d’accueil, centre de documentation, centre culturel du Vanuatu) ont des attentes spécifiques nécessitant, dès l’élaboration initiale du projet, de concevoir une approche globale du retour des données. Dans le cadre de cette communication, nous montrerons comment l’utilisation de l’informatique permet d’articuler des enjeux ethnolinguistiques (liés à la description du nisvai) à l'enjeu local : la demande par les locuteurs de disposer de ressources sur la langue. Dans un premier temps, nous présenterons la communauté nisvai, à l'origine de la demande et favorable à la mise en place d’une méthodologie de travail participative : des ateliers regroupant plusieurs familles et un participant extérieur en charge de la description linguistique et la construction de ressources. Nous décrirons ces ateliers et les aléas du terrain qui ont suivi. Cette méthode de travail a, en effet, généré les discussions nécessaires pour établir un consensus sur les thèmes à aborder et les ressources langagières en résultant. C’est à cette étape de la procédure que l’intérêt du travail a été validé par les acteurs locaux. Dans une deuxième partie, nous montrerons comment l’utilisation de l’informatique permet d'articuler les données recueillies et les ressources locales. À cette fin, nous présenterons les données collectées et comment celles-ci ont été pensées et organisées au regard des travaux existants, bibliographiques ou en ligne. L'objectif, pour nous, était (a) de constituer un ensemble de données pertinent et le plus exhaustif possible, et (b) d'identifier globalement les divers problèmes, tels que les licences d’utilisation, l’annotation des données de terrain, leur structuration, et la restitution des documents auprès des partenaires. Nous conclurons cette partie par une présentation des ressources obtenues suite au travail de documentation des données.Enfin, nous finirons la communication avec l'idée que le traitement des ressources numériques permet d’interroger la “restitution fonctionnelle” des données recueillies : pour la première fois, il est possible, via le numérique, d’envisager la restitution différenciée des corpus dans une dynamique collaborative entre les différents participants au projet, sur le terrain et au sein des institutions impliquées.Moseley, Ch. (2010) Atlas des langues en danger dans le monde, Éditions UNESCO.Austin, P. et Sallabank, J. (2011) The Cambridge Handbook of Endangered Languages, Cambridge University Press.