Dans la civilisation traditionnelle du sud et du centre de Vanuatu, l’identité culturelle s’exprime au travers d’un nexus de lieux dont la somme crée un territoire politique, tandis que l’aire d’alliance s’organise en étoile autour de lui. Si l’identité s’hérite par les lieux, elle se reproduit et s’approfondit à chaque génération par une mobilité de type circulaire qui se déroule sur les chemins d’alliance. Les lieux et les itinéraires sont donc au coeur de l’identité traditionnelle: l’homme est un arbre enraciné mais il appartient également à une pirogue errante ouverte sur le vaste monde. On peut donc dire qu’il n’y a pas d’identité en dehors des lieux de la mémoire ni non plus de destinée sans aventure ou voyage sur les chemins de l’alliance. Dans ce type de société, la mobilité traditionnelle peut être définie comme territoriale. Les routes suivies en mer ou à ferre sont appropriées par les groupes sociaux comme si elles étaient des extensions de leurs territoires de la même façon que les lieux. La mobilité circulaire d’aujourd’hui continue la mobilité territoriale d’autrefois. Le voyage d’aujourd’hui reste une circulation et un mouvement à double sens. Il réconcilie ainsi l’arbre et la pirogue.