Dans son rêve de promouvoir aux Nouvelles-Hébrides une "colonie de peuplement" qui fut le pendant naturel de la Nouvelle-Calédonie voisine, la Résidence de France s'orienta pendant longtemps vers une politique de soutien à la petite et moyenne colonisation. Le condominium franco-britannique ratifié au début des années 1920 ne semblait pas représenter un obstacle véritable : l'immatriculation des terres aliénées et l'importation à grande échelle d'une main d'oeuvre vietnamienne liée par des contrats de 5 ans devaient donner les moyens de cette politique. La crise économique de 1930 brisa ce rêve : le tableau que l'on peut faire à partir des rapports de l'époque révèle une société coloniale endettée, au bord de la faillite, dont le dynamisme est éteint et qui s'oriente vers une occupation du sol de plus en plus extensive. La plantation cesse alors d'apparaître comme le moyen d'affirmer la présence française dans l'archipel. La population mélanésienne eut de son côté des rapports variables avec cette colonisation. Les Mélanésiens s'ils étaient politiquement dominés n'étaient pas économiquement aliénés, de telle sorte qu'ils ne devinrent jamais complètement des prolétaires. Ils conservèrent de facto une certaine marge de manoeuvre, dans le conflit comme dans l'alliance, avec l'univers blanc des plantations coloniales. (Résumé d'auteur)