Avec les sciences sociales, la littérature et sa critique universitaire ont pris une place décisive dans le développement social et culturel des pays de la francophonie. Au prix des pires difficultés, de jeunes écrivains se font entendre, dans des langues locales ou dans un français qui n'est pas toujours celui de l'Académie française. Si leur notoriété ne franchit guère les frontières de leur pays, ils apportent une vision singulière, novatrice et souvent fort inventive du réel qui les entoure, et du monde qu'ils regardent ou qu'ils imaginent. Leurs langues méritent tous les soins de ceux qui veulent que le français reste une langue riche de sa pluralité multiforme. Ce livre, issu de la réunion fondatrice d'un collectif de chercheurs sur les Littératures au Sud, n'est pas un panorama d'ensemble sur les littératures francophones, ni même un recueil d'études critiques sur les littératures au Sud, pas davantage un manuel : il n'aurait ni l'exhaustivité, ni la cohésion, ni la cohérence méthodologique nécessaires. C'est en revanche un ouvrage programmatique, à la fois institutionnel et scientifique : il balise la recherche sur les littératures, en francophonie et dans le monde, pour lui ouvrir des perspectives sans limiter son champ d'action. Les chefs d'Etat réunis au Sommet de la Francophonie de Québec, en octobre 2008, ont défini les orientations politiques dans lesquelles s'inscrivent les activités scientifiques de la Francophonie. Pour la première fois, ils ont adopté une résolution sur la langue française et proposé de signer, en fonction de leurs besoins et des demandes, un pacte linguistique. Le collectif sur les Littératures au Sud apporte une des réponses scientifiques à ce double défi : valoriser le patrimoine culturel en langue française et participer au développement des pays qui la partagent. Bernard Cerquiglini.