Dans le Pacifique Sud en général, et au Vanuatu en particulier, les stratégies de développement agricole adoptées il y a vingt ans ont visé à promouvoir les cultures de plantation (coprah, cacao, café) pour favoriser les rentrées de devises. Ces grandes cultures héritées de la colonisation et destinées à la satisfaction de marchés essentiellement européens, connaissent un déclin constant de leurs niveaux de production malgré une généreuse aide internationale. Les revenus tirés de ces cultures sont nettement inférieurs aux importations de denrées alimentaires et permettent difficilement de couvrir les dépenses occasionnées par l'achat de produits amylacés. L'absence de politique de substitution aux importations en Mélanésie, induit une dépendance alimentaire croissante. L'épargne est quasi inexistante en zone rurale et une augmentation des revenus tirés des cultures de rente provoque une augmentation de la consommation de denrées importées. Les expériences de diversification ont rencontré de nombreuses difficultés d'ordre commercial et agronomique et aucune nouvelle culture n'a réussi à s'imposer. Les développements spontanés de filières axées sur la promotion de cultures indigènes traditionnelles (taro à Fidji, kava au Vanuatu) représentent des expériences encourageantes, mais qui subissent les fortes contraintes liées au milieu insulaire. Des alternatives visant la transformation et la valorisation des produits locaux devront rapidement être adoptées pour éviter de poursuivre une stratégie dont l'échec est évident à en juger par les statistiques enregistrées depuis vingt ans.