Au cours du premier trimestre 1983,une vaste enquête portant sur l'état nutritionnel de la population a et.6 effectuée par le Ministère de la Santé dans les principales îles de l'archipel. Au total, 58 villages ruraux et cinq quartiers urbains ont été visités ; 522 femmes enceintes OU allaitantes y ont été interrogées sur leurs repas de la veille. Cette population a été jugée représentative de l'ensemble des femmes adultes, la grossesse ou l'allaitement ne modifiant guère le régime alimentaire de la population féminine. Cette enquête a permis d'estimer l'importance de la consommation de nourriture protéique, la composition de la ration quotidienne de "protéines animales" et la place qu'y occupent les produits marins. Les variations du rythme de consommation selon les repas ont également été évaluées, de même que les aliments glucidiques les plus fréquemment associés à chaque type de nourriture protéique. De nettes différences sont apparues entre le milieu rural et le milieu urbain. En ville, le régime alimentaire est nettement plus riche en protéines. La viande fraîche, le maquereau en conserve et le "corned beef" sont, par ordre d'importance décroissant, les nourritures protéiques les plus fréquemment consommées. Elles sont souvent accompagnées de riz. En zone rurale, l'alimentation reste dominée par les produits frais notamment les poissons et les crustacés dont les populations littorales sont friandes: toutefois, l'association (viande ou poisson en conserve -riz), caractéristique du mode de consommation urbain, se généralise dans de nombreuses communautés rurales. Une seconde étude, effectuée dans le cadre du recensement agricole, a permis de compléter la précédente enquête. En une année de travail, 78 villages ont été visités. 1318 semaines ont été consacrées à la collecte des données concernant la quantification de la production halieutique et l'utilisation qui en est faite. Parallèlement, le montant et la composition des dépenses alimentaires des producteurs ont été relevés durant 1283 semaines. Comme la production, l'offre de poissons frais présente des variations saisonnières et L'archipel des des variations spatiales. les régions où Banks et Mallicolo apparaissent comme étant la consommation de poissons est la plus développée. En 1984, la pêche villageoise a offert à la consommation des ménages 1400 tonnes de poissons (+/-400 tonnes). En moyenne,93 % de la production a été auto-consommée par les pêcheurs, la commercialisation ne concernant que 3 % des quantités débarquées. 77 % du budget des familles a été consacré à l'achat de nourriture. Le poisson en conserve figure parmi les quatre aliments commercialisés qui ont été le plus fréquemment consommés. Dans une troisième partie consacrée à la discussion des résultats, sont successivement évoquées l'évolution des habitudes alimentaires en ville et en milieu rural. En zone urbaine, le régime alimentaire s'est occidentalisé, tant en ce qui concerne sa composition que les rythmes de consommation. Le riz accompagné de viande fraîche ou de maquereau en conserve représente désormais le menu favori des populations citadines de faible revenu. Parallèlement, le rôle du petit déjeuner comme source de protéines s'est considérablement réduit, au profit du déjeuner. A titre de comparaison, sont évoqués les principaux résultats de l'enquête nutritionnelle effectuée en 1975 à Port Vila et à Luganville. En milieu rural, l'alimentation traditionnelle reste encore dominante, bien que l'adoption d'une nourriture importée et de nouveaux rythmes de consommation progressent rapidement. L'école et les missions ont joué un rôle capital dans cette évolution. A titre d'illustration, les résultats du recensement agricole sont mis en parallèle avec les études de PHILIBERT (1976) et de DYE (1979) concernant les villages d'Erakor et de Walarano.