International audience Ancienne colonie britannique, les Iles Salomon ont accédé à l'indépendance, comme la plupart des territoires insulaires du Pacifique, au cours des années 70's. Le régime politique des Iles Salomon est certainement le plus méconnu parmi les Etats mélanésiens. En effet, si les régimes politiques du Vanuatu ou encore des Iles Fidji sont relativement bien étudiés, comme c'est également le cas de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, celui des Iles Salomon fait l'objet de beaucoup moins de littérature, particulièrement en langue française. Les Iles Salomon sont aujourd'hui une monarchie constitutionnelle, membre du Commonwealth. Le chef de l'Etat, comme dans beaucoup d'anciennes colonies britanniques en Océanie, est Elizabeth II, représentée localement par un gouverneur général. Etat unitaire peuplé de plus de 560.000 habitants et composé de 9 provinces, 75% de sa population vit dans des zones rurales et l'indice de développement humain est de 0,491, soit la 157 ème place mondiale. Comme la plupart des sociétés océaniennes, la société salomonaise est plurielle. Mais cette pluralité diffère de ce que l'on entend par là à Fidji ou en Nouvelle-Calédonie. Elle y est caractérisée par la multiplicité des groupes linguistiques et non par la coexistence de populations traditionnelles et immigrées dans d'autres Etats et territoires mélanésiens. L'absence de prise en compte de cette hétérogénéité socio-culturelle dans la Constitution de 1978 est très certainement le principal facteur des difficultés rencontrées par le régime politique salomonais depuis l'indépendance. En effet, il apparait clairement que la transition constitutionnelle au moment de la décolonisation a éludé la prise en compte des spécificités socio-culturelles locales, au premier rang desquelles son hétérogénéité, en imposant le modèle « Westminster ». Comme dans la plupart des anciennes colonies du Pacifique Sud, la légitimité de la transition constitutionnelle aux Iles Salomon pose question : les procédures utilisées pour assurer la transition ont été gérées par l'État colonial sur le départ et en conséquence le contenu même de la constitution et l'ingénierie institutionnelle qu'elle met en place sont calqués sur le système constitutionnel britannique, inadapté aux spécificités socio-culturelles de l'organisation traditionnelle de la société salomonaise.