A symbol of “Kanak culture revival”, the festival of Melanesian arts Melanesia 2000 has just celebrated in 2015 its 40th anniversary. This event was in all likelihood the cultural catalyst for the nationalist movement which in the 1980’s successfully established la coutume (“kastom”) as a unifying symbol for the Kanak people in opposition to the colonial status quo. Having been engaged for more than two decades in a process of decolonization – the political and constitutional outcome of which remains uncertain – New Caledonia is now experiencing the effects of a policy of rebalancing in favour of the indigenous people, notably in the form of an unprecedented appreciation of Kanak cultural identity, the preservation of tangible and intangible heritage and the active promotion of cultural development and artistic creation within a wider Pacific cultural context.It is important to retrace the genesis of the “Kanak renaissance” in light of the epistemological discussions that animated Oceanian anthropology in the period, especially the debates around the (re)invention of traditions and their instrumentalization to promote identity consciousness and political mobilization. The social sciences – and especially anthropology – make it possible to place in historical perspective the ongoing process of the making of cultures as collective identities that are objectified, put on display and sanctified (or not) through their official recognition and inscription within the public arena. With the emergence of a new cultural field entirely dedicated to “the management of symbols” (Dubois, 1999), ethnographical research carried out with the social actors makes it possible to show that the representations of Kanak identity that were for a long time the domain of indigenous militants and engaged intellectuals are now the domain of curators and managers of art and cultural heritage.Finally, this largely retrospective study aims at a better epistemological and sociological understanding of social and cultural change in New Caledonia in the period since the hardening of Kanak nationalism (1975-1988) up until the multi-cultural project for a “shared future” brought about by the application of the Noumea Accord (1998-2018). Symbole de la « renaissance culturelle kanak », le festival d’arts mélanésiens de Nouvelle-Calédonie, Mélanésia 2000, vient de fêter en 2015 son quarantième anniversaire. Cette manifestation a vraisemblablement constitué le ferment culturaliste de la revendication nationaliste qui, dans les années 1980, parvint à ériger la coutume en symbole unificateur du peuple kanak, contre le statu quo colonial. Engagée depuis plus de deux décennies dans un processus de décolonisation – dont l’issue politique et institutionnelle demeure incertaine –, la Nouvelle-Calédonie connaît les effets d’une politique de rééquilibrage au profit du peuple autochtone, notamment sous la forme d’une valorisation sans précédent de l’identité culturelle kanak, d’une sauvegarde des patrimoines traditionnels matériel et immatériel, et d’une action soutenue en faveur du développement culturel et de la création artistique à dimension océanienne.Il convient de retracer la genèse de cette « renaissance identitaire », à la lumière des débats épistémologiques qui ont agité l’anthropologie océaniste de l’époque, notamment autour des questions de la (ré)invention des traditions, et de leur utilisation à des fins de conscientisation identitaire et de mobilisation politique. Plus encore, le travail des sciences sociales – et de l’anthropologie en particulier – permet d’inscrire dans une perspective historique le processus, toujours en cours, d’édification des cultures en tant qu’identités collectives objectivées, données à voir, et sanctifiées (ou non) par une reconnaissance officielle et une inscription à l’intérieur de l’espace public. Avec l’émergence d’un nouveau champ social, qui prend en charge cette « gestion du symbolique » (Dubois, 1999), une recherche ethnographique menée auprès des acteurs sociaux permet de montrer en quoi les représentations de l’identité kanak, qui furent longtemps l’apanage de militants autochtones et d’intellectuels engagés, incombent désormais à une catégorie constituée de professionnels de la culture, de l’art, et du patrimoine.Au final, cette étude largement rétrospective entend contribuer à une compréhension à la fois épistémologique et sociologique du changement social et culturel en Nouvelle-Calédonie, depuis la conversion d’une crispation identitaire nationaliste (1975-1988) jusqu’au projet multiculturel d’une « communauté de destin » induit par la mise en œuvre de l’accord de Nouméa (1998-2018).