Avec la création de l'Institut d'ethnologie en 1925 et celle du Musée de l'Homme en 1937, l'Entre-deux-guerres voit émerger la première génération d'ethnologues professionnels français. Conçue par Paul Rivet comme un nouvel humanisme, l'ethnologie est rapidement à la mode et les expositions présentées au Musée d'ethnographie du Trocadéro puis au Musée de l'Homme déplacent les foules. Les collections qui entrent dans cette institution sont alors importantes et témoignent en particulier des richesses culturelles et humaines des territoires colonisés. Elles sont réunies par les nombreuses missions organisées par l'équipe du musée et les ethnologues formés à l'Institut d'ethnologie mais aussi par de nombreux autres contributeurs, administrateurs coloniaux, voyageurs, explorateurs et scientifiques d'autres disciplines. A partir de l'étude analytique du fonds d'archives privé du géologue Edgar Aubert de la Rüe conservé au musée du quai Branly, cette note de recherche invite à considérer la contribution de l'un de ces autres collecteurs, ethnologues de circonstance sur le terrain. C'est ainsi une contribution "en négatif" à l'histoire de l'ethnologie dans l'Entre-deux-guerres, permettant de déplacer le regard du centre vers les marges d'un champ disciplinaire en constante évolution, qui est ici esquissée à partir des missions Edgar Aubert de la Rüe aux Nouvelles-Hébrides (Vanuatu actuel), Côte française des Somalis (Djibouti) et Guyane française.