Description
Le taro (Colocasia esculenta L.) est une plante importante de la région tropicale humide. Il s'agit cependant d'une plante à multiplication essentiellement végétative et de ce fait les cultivars ne répondent pas suffisamment vite à des pressions environnementales qui évoluent rapidement. La collecte et l'évaluation des ressources génétiques est un préalable indispensable à la mise en place d'une coopération internationale entre les sélectionneurs, marquée par l'échange de matériel génétique évalué et assaini de manière standardisée. D'un autre côté, les programmes d'amélioration ont besoin d'indicateurs de divergence fiables pour réaliser leurs croisements et obtenir une certaine vigueur hybride. Le développement d'une méthodologie basée sur une clé dichotomique, réalisée à partir d'une sélection d'un nombre réduit de caractères morpho-agronomiques considérés comme importants pour le sélectionneur, a permis de structurer la collection nationale de 452 taros du Vanuatu. L'analyse d'un core subset de 47 accessions obtenu à partir de cette clé dichotomique à l'aide de marqueurs AFLP a permis d'obtenir un polymorphisme remarquable. Ce résultat s'oppose aux études isoenzymatiques réalisées au Vanuatu, qui avaient abouti à un très faible polymorphisme. Les AFLP sont désormais des empreintes génétiques fiables, qui permettront de détecter les doublons au sein des collections nationales. De même, ils peuvent être utilisés comme indicateurs de divergence dans les programmes d'amélioration. De ce fait, ce résultat présente une application directe pour la gestion des ressources génétiques du taro, et pour l'amélioration de cette culture. La comparaison de la diversité moléculaire et de la variabilité morpho-agronomique ne permet pas d'établir des concordances nettes. Des individus très différents d'un point de vue morpho-agronomique se retrouvent regroupés dans un même cluster génétique. Mais à l'inverse deux individus proches d'un point de vue morpho-agronomique se sont avérés être aussi semblables d'un point de vue moléculaire. Le taro est une plante à sélection fortement clonale, cette sélection aurait porté sur un nombre limité de caractères morpho-agronomiques, probablement contrôlés par peu de gènes, et ces discordances sont dans ce cas plus compréhensibles. La domestication du taro ne serait pas une domestication à proprement parler, et les différents groupes morpho-agronomiques ne peuvent pas ainsi être différenties à partir du polymorphisme révélé par les AFLP.