International audience Malgré les imprécisions des recensements nationaux dont nous disposons, on peut actuellement estimer l'effectif total des populations vivant directement de l'écosystème forestier à environ 12 millions de personnes (Bahuchet et Grenand 1994).Au regard de la disparité des terrains (Cameroun, Gabon, Guyane, Melanésie, Vanuatu), qui n’ont pas été choisis en fonction d’une problématique démographique, il n’a pas été évident de réaliser une synthèse et de dégager des tendances sur l’évolution démographique des populations forestières en général dans le cadre du programme APFT (Avenir des Peuples des Forêts tropicales)..Bien que les résultats présentés dans ce rapport proviennent de situations très diverses et parfois contrastées, nous pouvons malgré tout avancer quelques conclusions :- Il s’agit de vastes territoires, en général faiblement peuplés, qui peuvent présenter un rapide accroissement démographique suite à des changements importants liés au développement (route et moyens de communication, déforestation, amélioration de la situation sanitaire, emploi). En effet, bien qu’enclavées, la plupart des populations forestières ne sont pas isolées.- La fécondité des populations de forêt se rattache encore largement à un modèle de fécondité naturelle, sous l’influence de facteurs, comme l’allaitement maternel prolongé, l’interdit de relations sexuelles durant l’allaitement, la non-utilisation de moyens contraceptifs modernes (pilule, stérilet, condom) et, dans certains cas, une importante stérilité. Les conditions de développement économique et la valorisation du mode de vie urbain sont susceptibles, selon les contextes, d’avoir un impact sur les variables intermédiaires de la fécondité, ce que l’on observe lorsque l’on peut disposer de données précises sur une période suffisamment longue.- La mortalité, encore très importante sur certains sites (commechez les Ankave de PNG), diminue lorsque les conditions d’hygiène et l’accès aux soins sont plus favorables, ce que nous avons observé dans la vallée du Ntem.- La mobilité existe à toutes les échelles de temps et d’espace, mais les migrations se font majoritairement du monde rural vers les villes ou vers les sociétés forestières dispensatrices d’emplois, ce qui n’empêche pas le maintien d’un lien fort entre monde rural et urbanisé. Si les recherches APFT permettent de progresser dans la connaissance des structures démographiques, l’étude de la dynamique des populations forestières reste encore à réaliser. Trois aspects nous paraissent importants à souligner pour l’orientation des travaux à venir :1. Choisir le niveau local comme espace d’analyse et échelle d’observation, seule façon d'obtenir des données de qualité en passant par le moyen d'enquêtes de terrains directement auprès des populations.2. Mettre en place des observatoires de population pour suivre l'évolution démographique et en faire une approche explicative en intégrant les composantes socioéconomiques et culturelles des groupes étudiés.3. Sélectionner des indicateurs pertinents permettant d’apprécier les changements démographiques et leurs causes :- Structure par âge et sexe de la population (déséquilibres entre les sexes, importance de la population active etc.).- Niveaux de fécondité et de mortalité des jeunes enfants(gestion de la sexualité et de la fécondité, impact des facteurs de développement sur la mortalité).- Niveau d’endogamie/exogamie (degré d’ouverture à travers le choix du conjoint).- Typologie des mobilités temporaires (motifs de déplacements, en particulier entre la ville et la campagne).- Flux migratoires (exode rural, migrations de retour).Ce chapitre a été rédigé par Daniel BLEY et Hélène PAGEZY avec la participation de : Claudine Angoué, Pascale Bonnemère, Ronan Boudigou, Florence Brunois,Serge Cogels, Edmond Dounias, Françoise Grenand, Pierre Grenand, Delphine Greindl, Christin Kocher-Schmid, Christian Leclerc, Pierre Lemonnier, Sandrine Manusset, Léon Mudubu, François Ouhoud-Renoux, Hilary Solly, Fabienne Tzerikiantz, Nicole Vernazza-Licht, Annie Walter