Pour les théoriciens de la mondialisation et plus encore pour ses idéologues, la récente extension du système capitaliste à tous les pays, la circulation quasi instantanée des capitaux entre les Bourses , les centres d'affaires et les "paradis fiscaux", l'accélération des transports et de la circulation des idées, tout cela marqueraient une étape nouvelle et capitale dans le développement économique et social de l'humanité. Du coup, les rivalités entre les Etats, les conflits religieux et les questions militaires perdraient toute l'importance devant la logique du marché mondial, les évolutions stratégiques dépendant désormais de la finance internationale et de ses choix quant à la localisation de ses investissements . Bref, la géopolitique serait sous peu supplantée par une problématique nouvelle, celle de la géo-économique. Ce discours prône le primat presque absolu de l'économique sur le politique et le culturel. Mais comme le montrent les attentats du 11 septembre et les nouveaux préparatifs des Etats-Unis, centre et moteur de cette mondialisation, tout ne dépend pas seulement de l'économique, même quand il est question de pétrole. Certes, pour ce qui est des techniques, le monde s'uniformise et les gratte-ciel poussent dans les grandes villes chinoises. Mais les chinois savent aussi qu'ils sont une grande civilisation et qu'ils n'ont plus à s'incliner devant ce nouvel "empire de milieu" qu'est l'Amérique. Les dirigeants américains estiment d'ailleurs que la Chine est la prochaine superpuissance qu'il leur faudra affronter de l'autre côté du Pacifique. La mondialisation est une façon occidentale de se représenter le monde. Mais comment est-il vu par les chinois, par les hindous, et par les musulmans.