Depuis des siècles, la diffusion d'une langue sur des territoires au détriment des langues qui y étaient parlées jusqu'alors traduit des rivalités de pouvoirs sur ces territoires, c'est-à-dire des phénomènes géopolitiques. Il en a été ainsi à l'époque coloniale et la langue de chacune des puissances colonisatrices s'est plus ou moins propagée parmi les populations qu'elle dominait, avec le concours des catégories sociales qui participaient activement aux processus de modernisation forcée qu'a été l'impérialisme. De nos jours, le néo-impérialisme –; qui n'a plus besoin de conquérir des territoires pour exercer sa domination économique et culturelle –; est surtout le fait d'une superpuissance, l'Amérique. Il se trouve, vieil héritage colonial, que sa langue est l'anglais et que celle-ci est la langue officielle dans de nombreux pays qui furent colonisés par les Britanniques. Depuis quelques décennies, elle se propage aussi comme la langue de la mondialisation et bientôt comme celle d'une Union européenne (trop) élargie et qui a besoin d'une langue commune, du moins pour les catégories sociales les plus " mondialisées " de sa population. C'est aux multiples enjeux de cette domination croissante de l'anglais qu'est consacrée cette livraison d'Hérodote.