Ces évangéliques que, dans les médias, l'on appelle plus couramment les évangélistes, font de plus en plus parler d'eux. Non seulement parce qu'aux États-Unis, où ils sont les plus nombreux, leur influence politique ultraconservatrice est très importante (ils ont largement contribué à la réélection de George W. Bush), mais aussi et surtout parce les milliers de communautés évangéliques qui se multiplient en Amérique latine, en Asie, en Afrique noire et même en Europe participent plus ou moins directement à l'extension de l'influence géopolitique des États-Unis. Le rôle des évangélistes disposant de puissants moyens financiers a été signalé dans les récentes révolutions " orange " ou " rose " d'Ukraine ou de Géorgie et il est devenu particulièrement grand en Afrique où il contribue au recul des positions françaises, notamment en Côte-d'Ivoire. Outre la diffusion de l'influence américaine, les communautés évangéliques ou pentecôtistes mènent une concurrence active avec toutes les autres religions, et notamment avec les autres Églises chrétiennes, qu'elles soient catholiques, orthodoxes, éthiopiennes et même protestantes. Le protestantisme est en effet un ensemble diversifié dont les multiples branches sont depuis longtemps plus ou moins concurrentielles. Le développement spectaculaire des communautés évangéliques s'effectue, en dépit de leur idéologie conservatrice, surtout parmi les populations défavorisées, notamment dans les camps de réfugiés, en utilisant les moyens de l'humanitaire ou du populisme et se fondant sur une vision biblique d'un monde où s'affrontent les forces du bien et du mal. Aux États-Unis, le rôle géopolitique des communautés évangéliques se manifeste de façon particulièrement évidente dans le soutien résolu qu'elles apportent à l'État d'Israël. Dans leur rang se trouve en effet un très grand nombre de " sionistes chrétiens ", c'est-à-dire des chrétiens fervents qui se sont persuadés que la reconquête du Grand Israël – Eretz Israël selon la Bible – annoncerait le retour sur terre du Christ-Roi et même la conversion massive des Juifs au christianisme. Ce sionisme chrétien tout autant que le pétrole est un des grands facteurs de la politique américaine au Proche-Orient.